1. NOM▲
inotify - Surveiller les événements des systèmes de fichiers
2. DESCRIPTION ▲
L'API inotify fournit un mécanisme pour surveiller les événements au niveau des systèmes de fichiers. Inotify peut être utilisé pour surveiller des fichiers individuels ou des répertoires. Quand un répertoire est surveillé, inotify va signaler des événements pour le répertoire lui-même et pour les fichiers de ce répertoire. Les appels système suivants sont utilisés avec cette API : inotify_init(2) (ou inotify_init1(2)), inotify_add_watch(2), inotify_rm_watch(2), read(2) et close(2). inotify_init(2) crée une instance inotify et renvoie un descripteur de fichier se référant à cette instance inotify. L'appel système plus récent inotify_init1(2) est comme inotify_init(2), mais fournit des fonctionnalités supplémentaires. inotify_add_watch(2) manipule la « liste de surveillance » associée à une instance inotify. Chaque élément (« watch ») de la liste de surveillance spécifie le chemin d'un fichier ou d'un répertoire, avec un ensemble d'événements que le noyau doit surveiller pour le fichier indiqué par ce chemin. inotify_add_watch(2) crée un nouvel élément de surveillance ou modifie un élément existant. Chaque élément a un unique « descripteur de surveillance », un entier renvoyé par inotify_add_watch(2) lorsque cet élément est créé. inotify_rm_watch(2) retire un élément d'une liste de surveillance inotify. Quand tous les descripteurs de fichier se référant à une instance inotify ont été fermés, l'objet sous-jacent et ses ressources sont libérés pour être réutilisés par le noyau ; tous les éléments de surveillance associés sont automatiquement libérés. Pour déterminer quels événements ont eu lieu, une application va lire avec read(2) le descripteur de fichier inotify. Si aucun événement n'a eu lieu, alors, en supposant qu'il s'agisse d'un descripteur de fichier bloquant, read(2) se bloquera jusqu'à ce qu'au moins un événement ait lieu (à moins qu'elle ne soit interrompue par un signal, auquel cas l'appel échouera avec l'erreur EINTR ; consultez signal(7)). Chaque lecture (avec read(2)) réussie renvoie un tampon contenant une ou plusieurs des structures suivantes :
struct
inotify_event {
int
wd; /* Descripteur d'élément de surveillance */
uint32_t mask; /* Masque d'événements */
uint32_t cookie; /* Cookie unique d'association des
événements (pour rename(2)) */
uint32_t len; /* Taille du champ name */
char
name[]; /* Nom optionnel terminé par un nul */
}
;
wd identifie l'élément de surveillance pour lequel cet événement a lieu. Il s'agit de l'un des descripteurs de fichier renvoyés par un précédent appel à inotify_add_watch(2). mask contient des bits qui décrivent l'événement qui a eu lieu (voir ci-dessous). cookie est un entier unique qui relie les événements. Ce n'est actuellement utilisé que pour les événements de renommage, et permet à la paire d'événements IN_MOVED_FROM et IN_MOVED_TO en résultant d'être associés par l'application. Pour tous les autres types d'événements, cookie est mis à 0. Le champ name n'est présent que lorsqu'un événement est renvoyé pour un fichier au sein d'un répertoire surveillé. Il identifie le chemin du fichier par rapport au répertoire surveillé. Ce chemin est terminé par un caractère nul et peut inclure d'autres octets nuls (« \0 ») pour ajuster des lectures successives à une limite d'adressage convenable. Le champ len compte tous les octets de name, incluant les caractères nuls. La longueur de chaque structure inotify_event vaut donc sizeof(structinotify_event)+len. Le comportement lorsque le tampon donné à read(2) est trop petit pour renvoyer l'information sur le prochain événement dépend de la version du noyau : avant 2.6.21, read(2) renvoie 0 ; depuis le noyau 2.6.21, read(2) échoue avec l'erreur EINVAL. Indiquer un tampon de taille sizeof(struct inotify_event) + NAME_MAX + 1 est suffisant pour lire au moins un événement.
2.1. Événements inotify ▲
L'argument mask passé à inotify_add_watch(2) et le champ mask de la structure inotify_event renvoyés lors de la lecture avec read(2) d'un descripteur de fichier inotify sont tous deux des bits de masquage identifiant les événements inotify. Les bits suivants peuvent être définis dans l'argument mask lors de l'appel à inotify_add_watch(2) et peuvent être renvoyés via le champ mask retourné par read(2) :
- IN_ACCESS
Accès au fichier (lecture) (*). - IN_ATTRIB
Modification des métadonnées, par exemple, les permissions, les horodatages, les attributs étendus, le compteur de liens (depuis Linux 2.6.25), UID, GID, etc. (*). - IN_CLOSE_WRITE
Fichier ouvert en écriture fermé (*). - IN_CLOSE_NOWRITE
Fichier non ouvert en écriture fermé (*). - IN_CREATE
Fichier/rép. créé dans le répertoire surveillé (*). - IN_DELETE
Fichier/répertoire supprimé dans le répertoire surveillé (*). - IN_DELETE_SELF
Fichier/répertoire surveillé supprimé. - IN_MODIFY
Fichier modifié (*). - IN_MOVE_SELF
Fichier/répertoire surveillé déplacé. - IN_MOVED_FROM
Fichier déplacé hors du répertoire surveillé (*). - IN_MOVED_TO
Fichier déplacé dans le répertoire surveillé (*). - IN_OPEN
Fichier ouvert (*).
Lors de la surveillance d'un répertoire, les événements marqués par un astérisque (*) ci-dessus peuvent avoir lieu pour des fichiers du répertoire, auquel cas le champ name dans la structure inotify_event renvoyée identifie le nom du fichier dans ce répertoire.
La macro IN_ALL_EVENTS est définie comme un bit de masquage de tous les événements décrits ci-dessus. Cette macro peut être utilisée comme l'argument mask lors de l'appel à inotify_add_watch(2). Deux macros supplémentaires sont disponibles : IN_MOVE, équivalent à IN_MOVED_FROM|IN_MOVED_TO, et IN_CLOSE, équivalent à IN_CLOSE_WRITE|IN_CLOSE_NOWRITE.
Les bits supplémentaires suivants peuvent être indiqués dans l'argument mask lors de l'appel à inotify_add_watch(2) :
- IN_DONT_FOLLOW (depuis Linux 2.6.15)
Ne pas déréférencer pathname s'il s'agit d'un lien symbolique. - IN_EXCL_UNLINK (depuis Linux 2.6.36) Par défaut, lors de la surveillance d'événements sur les entrées d'un répertoire, des événements sont créés pour ces entrées même après leur suppression du répertoire. De nombreux événements inintéressants pour certaines applications peuvent ainsi être créés (par exemple, lors de la surveillance de /tmp, où de nombreuses applications créent des fichiers temporaires donc les noms sont immédiatement supprimés). Indiquer IN_EXCL_UNLINK modifie le comportement par défaut, de telle sorte qu'aucun événement n'est créé pour ces entrées après leur suppression du répertoire surveillé.
- IN_MASK_ADD
Ajouter les événements au masque de surveillance de ce fichier s'il existe déjà (au lieu de remplacer le masque). - IN_ONESHOT
Surveiller pathname jusqu'au premier événement, puis le supprimer de la liste de surveillance - IN_ONLYDIR (depuis Linux 2.6.15)
Ne surveiller pathname que si c'est un répertoire.
Les bits suivants peuvent avoir été définis dans le champ mask renvoyé par read(2) :
- IN_IGNORED
Le surveillant a été retiré explicitement (inotify_rm_watch(2)) ou automatiquement (le fichier a été effacé, ou le système de fichiers a été démonté) - IN_ISDIR
Le sujet de cet événement est un répertoire. - IN_Q_OVERFLOW
Queue des événements surchargée (wd vaut alors -1). - IN_UNMOUNT
Le système de fichiers contenant l'objet surveillé a été démonté.
2.2. Interfaces /proc ▲
Les interfaces suivantes peuvent être utilisées pour limiter la quantité de mémoire du noyau utilisée par inotify :
- /proc/sys/fs/inotify/max_queued_events
La valeur dans ce fichier est utilisée lorsqu'une application appelle inotify_init(2) pour définir la limite maximale du nombre des événements qui peuvent entrer dans la file d'attente de l'instance inotify correspondante. Les événements au-delà de cette limite sont annulés, mais un événement IN_Q_OVERFLOW est systématiquement généré. - /proc/sys/fs/inotify/max_user_instances
Cela spécifie la limite maximale du nombre d'instances inotify qui peuvent être créées par identifiant utilisateur réel. - /proc/sys/fs/inotify/max_user_watches
Cela spécifie la limite maximale du nombre de « watches » qui peuvent être créées par identifiant utilisateur réel.
3. VERSIONS ▲
Inotify a été inclus dans le noyau Linux 2.6.13. Les interfaces bibliothèque nécessaires ont été ajoutées à glibc dans la version 2.4 (IN_DONT_FOLLOW, IN_MASK_ADD et IN_ONLYDIR ont été ajoutées dans la version 2.5).
4. CONFORMITÉ ▲
L'API inotify est spécifique Linux.
5. NOTES ▲
Les descripteurs de fichier inotify peuvent être surveillés en utilisant select(2), poll(2) et epoll(7). Lorsqu'un événement est disponible, le descripteur de fichier indique qu'il est accessible en lecture. Depuis Linux 2.6.25, il est possible d'être notifié par des signaux pour des entrées-sorties des descripteurs de fichier inotify ; consultez la discussion de F_SETFL (pour la configuration de l'attribut O_ASYNC), F_SETOWN, et F_SETSIG dans fcntl(2). La structure siginfo_t (décrite dans sigaction(2)) qui est passée au gestionnaire de signal a les champs suivants définis : si_fd est défini avec le numéro de descripteur de fichiers inotify ; si_signo est défini avec le numéro du signal ; si_code est défini avec POLL_IN ; et si_band est défini avec POLLIN. Si deux événements inotify de sortie successifs produits sur le descripteur de fichier inotify sont identiques (wd, mask, cookie, et name identiques), alors ils sont fusionnés en un seul événement si l'événement le plus ancien n'a toujours pas été lu (mais consultez la section BOGUES). Les événements renvoyés lors de la lecture d'un descripteur de fichier inotify forment une file ordonnée. Ainsi, par exemple, il est garanti que lors du renommage d'un répertoire, les événements seront produits dans l'ordre convenable sur le descripteur de fichier inotify. L'ioctl(2) FIONREAD renvoie le nombre d'octets disponibles pour la lecture d'un descripteur de fichier inotify.
5.1. Limites et réserves ▲
La surveillance inotify des répertoires n'est pas récursive : pour surveiller les sous-répertoires, des éléments de surveillance supplémentaires doivent être créés. Cela peut être assez long pour les répertoires contenant une grande arborescence. L'interface inotify ne fournit aucun renseignement sur l'utilisateur ou le processus qui a déclenché l'événement inotify. En particulier, un processus en train de surveiller des événements à l'aide d'inotify ne dispose d'aucun moyen facile pour distinguer les événements qu'il déclenche lui-même de ceux qui ont été déclenchés par d'autres processus. Veuillez noter que la file d'événements peut déborder. Dans ce cas, des événements sont perdus. Les applications robustes doivent gérer correctement la possibilité de perdre des événements. L'interface inotify identifie les fichiers affectés par leur nom. Cependant, au moment où l'application traite un événement inotify, ce nom de fichier peut avoir déjà été supprimé ou renommé. Si la surveillance concerne un répertoire dans son intégralité, et si un nouveau sous-répertoire est créé dans ce répertoire, faites bien attention qu'au moment ou vous créez un élément de surveillance sur le nouveau sous-répertoire, de nouveaux fichiers peuvent avoir déjà été créés dans le sous-répertoire. Ainsi, vous devriez analyser le contenu du sous-répertoire immédiatement après avoir ajouté l'élément de surveillance.
6. BOGUES ▲
Dans les noyaux antérieurs à 2.6.16, l'attribut IN_ONESHOT de mask ne fonctionne pas. Avant le noyau 2.6.25, le code du noyau qui était sensé regrouper deux événements successifs (c'est-à-dire que les deux événements les plus récents pouvaient être fusionnés si le plus ancien des deux n'avait toujours pas été lu) vérifiait à la place si l'événement le plus récent pouvait être fusionné à l'événement non lu le plus ancien.
7. VOIR AUSSI ▲
inotify_add_watch(2), inotify_init(2), inotify_init1(2), inotify_rm_watch(2), read(2), stat(2) Documentation/filesystems/inotify.txt dans les sources du noyau Linux
8. COLOPHON ▲
Cette page fait partie de la publication 3.52 du projet man-pages Linux. Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies peuvent être trouvées à l'adresse http://www.kernel.org/doc/man-pages/.
9. TRADUCTION ▲
Depuis 2010, cette traduction est maintenue à l'aide de l'outil po4a <http://po4a.alioth.debian.org/> par l'équipe de traduction francophone au sein du projet perkamon <http://perkamon.alioth.debian.org/>.
Christophe Blaess <http://www.blaess.fr/christophe/> (1996-2003), Alain Portal <http://manpagesfr.free.fr/> (2003-2006). Julien Cristau et l'équipe francophone de traduction de Debian (2006-2009).
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