1. NOM

capabilities - Présentation des capacités Linux

2. DESCRIPTION

Pour vérifier les permissions, les implémentations UNIX traditionnelles distinguent deux catégories de processus : les processus privilégiés (dont l'UID effectif est 0, appelé superutilisateur ou root), et les processus non privilégiés (dont l'UID effectif est non-nul). Les processus privilégiés contournent les vérifications de permissions du noyau, alors que les processus non-privilégiés sont soumis à une vérification complète basée sur l'identification du processus (habituellement : UID effectif, GID effectif, et liste des groupes). À partir du noyau 2.2, Linux propose un mécanisme (encore incomplet) de capacités, qui scinde les privilèges traditionnellement associés au superutilisateur en unités distinctes que l'on peut activer ou inhiber individuellement. Les capacités sont des attributs individuels à chaque thread.

2.1. Liste des capacités

La liste suivante indique les capacités implémentées sous Linux et les opérations ou comportements que chaque capacité permet :

  • CAP_AUDIT_CONTROL (depuis Linux 2.6.11)
        Activer et désactiver l'audit du noyau ; changer les règles de filtrage d'audit ; accéder à l'état de l'audit, et aux règles de filtrage.
  • CAP_AUDIT_WRITE (depuis Linux 2.6.11)
        Écrire des enregistrements dans le journal d'audit du noyau.
  • CAP_BLOCK_SUSPEND (depuis Linux 3.5)
        Utiliser des fonctionnalités qui peuvent bloquer la mise en veille du système (epoll(7) EPOLLWAKEUP, /proc/sys/wake_lock).
  • CAP_CHOWN
        Effectuer toute modification des UID et GID de fichiers (consultez chown(2)).
  • CAP_DAC_OVERRIDE
        Contourne les permissions de lecture, écriture et exécution. (DAC est l'abréviation de « discretionary access control », contrôle d'accès à volonté).
  • CAP_DAC_READ_SEARCH
        Contourne les permissions de lecture de fichiers et celles de lecture et exécution des répertoires.
  • CAP_FOWNER

* 2 Contourne les vérifications pour les opérations qui demandent que le FS-UID du processus corresponde à l'UID du fichier (par exemple chmod(2), utime(2)), à l'exclusion des opérations couvertes par CAP_DAC_OVERRIDE et CAP_DAC_READ_SEARCH ;

* positionner les attributs de fichier étendus (consultez chattr(1)) pour n'importe quel fichier ;

* positionner les listes de contrôle d'accès ACL (« Access Control Lists ») pour n'importe quel fichier ;

* ignorer le bit sticky des répertoires pour les suppressions de fichier ;

* spécifier O_NOATIME dans open(2) et fcntl(2) pour n'importe quel fichier.

  • CAP_FSETID
        Ne pas effacer les bits de permission Set-UID et Set-GID quand un fichier est modifié ; positionner le bit Set-GID sur un fichier dont le GID ne correspond à aucun GID du processus appelant.
  • CAP_IPC_LOCK Verrouiller des pages mémoire (mlock(2), mlockall(2), mmap(2), shmctl(2)).
  • CAP_IPC_OWNER
        Contourne les vérifications pour les opérations sur les IPC System V.
  • CAP_KILL Contourne les vérifications pour l'émission de signaux (consultez kill(2)). Cela inclut l'utilisation de l'ioctl(2) KDSIGACCEPT.
  • CAP_LEASE (depuis Linux 2.4)
        Demander des baux sur n'importe quel fichier (consultez fcntl(2)).
  • CAP_LINUX_IMMUTABLE Positionner les attributs d'inœuds FS_APPEND_FL et FS_IMMUTABLE_FL (consultez chattr(1)).
  • CAP_MAC_ADMIN (depuis Linux 2.6.25)
        Surcharger les contrôles d'accès MAC (« Mandatory Access Control »). Implémentée pour le module de sécurité (LSM : « Linux Security Module ») Smack.
  • CAP_MAC_OVERRIDE (depuis Linux 2.6.25)
        Permettre les modifications de la configuration ou des états MAC. Implémentée pour le LSM Smack.
  • CAP_MKNOD (depuis Linux 2.4)
        Créer des fichiers spéciaux avec mknod(2).
  • CAP_NET_ADMIN
        Effectuer diverses opérations liées au réseau :

* 2 configuration des interfaces ;

* administration du pare-feu, de la traduction d'adresse IP (« masquerading ») et collection de données sur le trafic réseau (« accounting ») ;

* modification des tables de routages ;

* attachement à n'importe quelle adresse pour un service mandataire transparent ;

* sélection du type de service (« TOS ») ;

* effacement des statistiques du pilote ;

* sélection du mode « promiscuité » ;

* activation de la diffusion multipoint (« multicast ») ;

* utiliser setsockopt(2) pour définir les options de sockets suivantes : SO_DEBUG, SO_MARK, SO_PRIORITY (pour une priorité en dehors des valeurs de 0 à 6), SO_RCVBUFFORCE et SO_SNDBUFFORCE.

  • CAP_NET_BIND_SERVICE
        Attacher une socket sur un port privilégié (numéro de port inférieur à 1024).
  • CAP_NET_BROADCAST
        (Inutilisé) Broadcaster et écouter en multicast avec des sockets.
  • CAP_NET_RAW

* 2 utiliser des sockets RAW et PACKET ;

* attacher à n'importe quelle adresse pour un service mandataire transparent.

  • CAP_SETGID
        Effectuer toute manipulation des GID du processus et de la liste de groupes supplémentaires, utiliser de faux GID sur les socket UNIX.
  • CAP_SETFCAP (depuis Linux 2.6.24)
        Définir des capacités de fichier
  • CAP_SETPCAP
        Si les capacités de fichier sont prises en charge : autoriser ou interdire toute capacité dans l'ensemble des capacités permises à l'appelant vers ou depuis tout autre processus. (Cette propriété de CAP_SETPCAP n'est pas disponible quand le noyau est configuré pour prendre en charge les capacité de fichiers, puisque CAP_SETPCAP a une toute autre sémantique pour ces noyaux) Si les capacités de fichier sont prises en charge : ajouter toute capacité de l'ensemble de limitation de capacités du thread appelant à son ensemble hérité ; supprimer les capacités de l'ensemble de limitation de capacités (avec prctl(2) PR_CAPBSET_DROP) ; modifier l'attribut securebits.
  • CAP_SETUID Effectuer toute manipulation des UID de processus (setuid(2), setreuid(2), setresuid(2), setfsuid(2)) ; transmettre un faux UID sur une socket dans le domaine UNIX.
  • CAP_SYS_ADMIN

* 2 Effectuer certaines opérations d'administration comme : quotactl(2), mount(2), umount(2), swapon(2), swapoff(2), sethostname(2) et setdomainname(2) ;

* effectuer des opérations syslog(2) nécessitant des droits (depuis Linux 2.6.37, CAP_SYSLOG doit être utilisée pour permettre de telles opérations) ;

* effectuer une commande VM86_REQUEST_IRQ vm86(2) ;

* effectuer des opérations IPC_SET et IPC_RMID sur n'importe quel objet IPC System V ;

* effectuer des opérations sur les attributs étendus trusted et security (consultez attr(5)) ;

* utiliser lookup_dcookie(2) ;

* utiliser ioprio_set(2) pour configurer une classe d'ordonnancement IOPRIO_CLASS_RT (avant Linux 2.6.25) et IOPRIO_CLASS_IDLE ;

* forger des identifiants d'utilisateur lors du passage de références de sockets ;

* dépasser /proc/sys/fs/file-max, la limite système du nombre de fichiers ouverts, dans les appels système qui ouvrent des fichiers (c'est-à-dire accept(2), execve(2), open(2) et pipe(2)) ;

* utiliser les attributs CLONE_* qui créent de nouveaux espaces de nom avec clone(2) et unshare(2) ;

* appeler perf_event_open(2) ;

* accéder aux informations d'événements perf nécessitant des droits ;

* appeler setns(2) ;

* appeler fanotify_init(2) ;

* effectuer des opérations keyctl(2) KEYCTL_CHOWN et KEYCTL_SETPERM ;

* effectuer une opération madvise(2) MADV_HWPOISON ;

* utiliser la commande TIOCSTI de ioctl(2) pour insérer des caractère dans la file d'entrée d'un terminal autre que le terminal de contrôle de l'appelant ;

* utiliser l'appel système obsolète nfsservctl(2) ;

* utiliser l'appel système obsolète bdflush(2) ;

* effectuer diverses opérations ioctl(2) sur des périphériques bloc nécessitant des droits ;

* effectuer diverses opérations ioctl(2) sur des systèmes de fichiers nécessitant des droits ;

* effectuer des opérations d'administration sur de nombreux pilotes de périphériques.

  • CAP_SYS_BOOT
        Utiliser reboot(2) et kexec_load(2).
  • CAP_SYS_CHROOT
        Utiliser chroot(2).
  • CAP_SYS_MODULE
        Charger ou décharger des modules noyaux (consultez init_module(2) et delete_module(2)) ; dans les noyaux antérieurs à 2.6.25 : enlever des capacités de l'ensemble système de limitation de capacités.
  • CAP_SYS_NICE

* 2 Augmenter la valeur de courtoisie (« nice ») (nice(2), setpriority(2)) et changer la courtoisie de n'importe quel processus ;

* utiliser des ordonnancements temps-réel pour le processus appelant, et la modification de l'ordonnancement de n'importe quel processus (sched_setscheduler(2), sched_setparam(2)) ;

* définir l'affinité CPU pour n'importe quel processus (sched_setaffinity(2)) ;

* définir la classe et la priorité d'ordonnancement d'entrées/sorties pour n'importe quel processus (ioprio_set(2)) ;

* appliquer migrate_pages(2) à n'importe quel processus et migrer un processus vers n'importe quel nœud ;

* appliquer move_pages(2) pour n'importe quel processus ;

* utiliser l'attribut MPOL_MF_MOVE_ALL avec mbind(2) et move_pages(2).

  • CAP_SYS_PACCT
        Utiliser acct(2).
  • CAP_SYS_PTRACE
        Suivre n'importe quel processus avec ptrace(2) ; appliquer get_robust_list(2) à n'importe quel processus ; examiner les processus avec kcmp(2).
  • CAP_SYS_RAWIO

* 2 Effectuer des opérations d'entrées-sorties (iopl(2) et ioperm(2)) ;

* accéder à /proc/kcore ;

* utiliser l'opération FIBMAP de ioctl(2) ;

* ouvrir les périphériques pour accéder aux registres spécifiques au modèle (MSR, consultez msr(4)) d'un processeur x86 ;

* mettre à jour /proc/sys/vm/mmap_min_addr ;

* créer des projections en mémoire aux adresses inférieures à la valeur indiquée par /proc/sys/vm/mmap_min_addr ;

* projeter les fichiers dans /proc/bus/pci ;

* ouvrir /dev/mem et /dev/kmem ;

* effectuer diverses commandes de périphérique SCSI ;

* effectuer certaines opérations sur les périphériques hpsa(4) et cciss(4) ;

* effectuer certaines opérations spécifiques à d'autres types de périphériques.

  • CAP_SYS_RESOURCE

* 2 Utiliser de l'espace réservé sur des systèmes de fichiers ext2 ;

* effectuer des appels ioctl(2) pour contrôler la journalisation ext3 ;

* ne pas tenir compte des limites définies par les quota disque ;

* augmenter les limites de ressources (consultez setrlimit(2)) ;

* ne pas tenir compte de la limite de ressource RLIMIT_NPROC ;

* ne pas tenir compte du nombre maximal de consoles sur l'allocation de console ;

* ne pas tenir compte du nombre maximal de dispositions de clavier ;

* permettre des interruptions à plus de 64 Hz depuis l'horloge temps réel ;

* augmenter la limite msg_qbytes pour la file de messages System V au dessus de la limite /proc/sys/kernel/msgmnb (consultez msgop(2) et msgctl(2)) ;

* ne pas tenir compte la limite /proc/sys/fs/pipe-size-max lors du réglage de la capacité d'un tube avec la commande fcntl(2) avec l'argument F_SETPIPE_SZ ;

* utiliser F_SETPIPE_SZ pour augmenter la capacité d'un tube au-dessus de la limite spécifiée par /proc/sys/fs/pipe-max-size ;

* ne pas tenir compte de la limite /proc/sys/fs/mqueue/queues_max lors de la création de files de messages POSIX (consultez mq_overview(7)) ;

* utiliser l'opération PR_SET_MM de prctl(2) ;

* affecter à /proc/PID/oom_score_adj une valeur inférieure à la dernière valeur affectée par un processus avec CAP_SYS_RESOURCE.

  • CAP_SYS_TIME
        Modifier l'heure système (settimeofday(2), stime(2), adjtimex(2)) ; modifier l'horloge temps réel (matérielle).
  • CAP_SYS_TTY_CONFIG
        Utiliser vhangup(2) ; employer diverses opérations ioctl(2) nécessitant des droits sur des terminaux virtuels.
  • CAP_SYSLOG (depuis Linux 2.6.37)

* 3 Effectuer des opérations syslog(2) nécessitant des droits. Consultez syslog(2) pour savoir quelles opérations nécessitent des droits.

* Inspecter les adresses du noyau exposées par /proc et d'autres interfaces lorsque /proc/sys/kernel/kptr_restrict a la valeur 1. (Voir la discussion sur kptr_restrict dans proc(5).)

  • CAP_WAKE_ALARM (depuis Linux 3.0) Déclencher quelque chose qui réveillera le système (réglage des alarmes CLOCK_REALTIME_ALARM et CLOCK_BOOTTIME_ALARM).

2.2. Implémentations passées et actuelles

Une implémentation complète des capacités nécessite que :

1. 3 Pour toutes les opérations privilégiées, le noyau doit vérifier si le thread a la capacité requise dans son ensemble effectif ;

2. Le noyau doit fournir des appels système permettant de changer et récupérer les ensembles de capacités d'un thread.

3. Le système de fichiers doit permettre d'attacher des capacités aux fichiers exécutables, pour qu'un processus en dispose quand le fichier est exécuté.

Sous Linux 2.6.14, seules les deux premières clauses sont remplies.Avant le noyau 2.6.24, seules les deux premières exigences sont remplies ; depuis le noyau 2.6.24, ces trois exigences sont remplies.

2.3. Ensembles de capacités des threads

Chaque thread a trois ensembles contenant zéro ou plus des capacités ci-dessus :

  • Permises :
        Il s'agit d'un sur-ensemble limitant les capacités effectives que le thread peut prendre. Il limite également les capacités qui peuvent être ajoutées à l'ensemble héritable par un thread qui n'a pas la capacité CAP_SETPCAP dans son ensemble effectif. Si un processus supprime une capacité de son ensemble de capacités permises, il ne peut plus jamais la récupérer (sauf s'il appelle execve(2) sur un programme Set-UID root ou un programme dont les capacités associées au fichier permettent cette capacité).
  • Héritable :
        Il s'agit d'un ensemble de capacités préservées au travers d'un execve(2). Il fournit à un processus un mécanisme pour assigner des capacités à l'ensemble des capacités permises du nouveau programme lors d'un execve(2).
  • Effectif :
        Il s'agit de l'ensemble des capacités utilisées par le noyau pour vérifier les permissions du thread.

Un fils créé par fork(2) hérite d'une copie des ensembles de capacité de son père. Le traitement des capacités lors d'un execve(2) est décrit plus bas.

En utilisant capset(2), un thread peut manipuler ses propres ensembles de capacités (voir ci-dessous).

À partir de Linux 3.2, le fichier /proc/sys/kernel/cap_last_cap contient la valeur numérique de la capacité la plus élevée qui soit acceptée par le noyau en cours d'exécution ; cette valeur peut être utilisée pour déterminer le bit le plus élevé qui puisse être défini dans un ensemble de capacités.

2.4. Capacités de fichier

Depuis le noyau 2.6.24, le noyau prend en charge l'association d'ensembles de capacités avec un fichier exécutable à l'aide de setcap(8). Les ensembles de capacités du fichier sont stockés dans un attribut étendu (consultez setxattr(2)) appelé security.capability. Écrire dans cet attribut étendu nécessite la capacité CAP_SETFCAP. Les ensembles de capacités d'un fichier, combinés avec les ensembles de capacités du thread déterminent les capacités d'un thread après un execve(2). Les trois ensembles de capacités de fichier sont :

  • Permises (anciennement forcées) :
        Ces capacités sont automatiquement permises au thread, quelles que soient ses capacités héritables.
  • Héritables (anciennement autorisées) :
        Cet ensemble est combiné par un ET avec l'ensemble héritable du thread pour savoir quelles capacités de l'ensemble des capacités permises sont permises pour le thread après l'appel à execve(2).
  • Effectif :
        Il ne s'agit pas d'un ensemble, mais plutôt d'un unique bit. Si le bit est positionné, alors, lors d'un execve(2), toutes les nouvelles capacités permises pour le thread sont également positionnées dans l'ensemble effectif. Si ce bit n'est pas positionné, alors, après un execve(2), aucune des nouvelles capacités permises ne se trouvera dans le nouvel ensemble effectif. Activer le bit des capacités effectives d'un fichier implique que toute capacité de fichier permise ou héritable qui permet à un thread d'obtenir les capacité permises correspondantes lors d'un execve(2) (consultez les règles de transformation décrites ci-dessous) fournira également cette capacité dans l'ensemble de capacités effectives du thread. Ainsi, lors de l'ajout de capacités à un fichier (setcap(8), cap_set_file(3), cap_set_fd(3)), si le bit effectif pour une des capacités est activé, alors le bit effectif doit également être activé pour toutes les capacités dont le bit permis ou héritable corresppondant est activé.

2.5. Transformation des capacités lors d'un appel execve()

Durant un execve(2), le noyau calcule les nouvelles capacités du processus en utilisant l'algorithme suivant :

 
Sélectionnez
P'(permises) = (P(héritables) & F(héritables) |
               (F(permises) & cap_bset)
P'(effectives) = F(effectives) ? P'(permises) : 0
P'(héritables) = P(héritables)    [inchangé]

où :

P 10 indique la valeur d'un ensemble de capacités du thread avant le execve(2)

P' indique la valeur d'un ensemble de capacités après le execve(2)

F indique la valeur d'un ensemble de capacités du fichier

cap_bset est la valeur de la limitation de capacités (décrit ci-dessous).

2.6. Capacités et exécution de programmes par root

Pour fournir un root tout puissant en utilisant les ensembles de capacités, lors d'un execve(2) :

1. 3 Si on exécute un programme Set-UID root, ou si l'UID réel est nul, alors les ensembles des capacités héritables et permises du fichier sont remplis de uns (toutes les capacités activées).

2. Si un programme Set-UID root est exécuté, alors le bit des capacités effectives du fichier est défini à 1 (activé).

L'effet des règles ci-dessus combinées avec les transformations de capacités ci-dessus, est que lorsqu'un processus lance (avec execve(2)) un programme Set-UID root, ou lorsqu'un processus d'UID effectif nul exécute un programme, il obtient toutes les capacités dans ses ensembles de capacités permises et effectives, sauf celles qui sont interdites par la limitation de capacités. Ceci fournit une sémantique identique à celle fournie par les systèmes UNIX traditionnels.

2.7. Limitation des capacités

La limitation des capacités (« capability bounding set ») est un mécanisme de sécurité qui peut être utilisé pour limiter les capacités qui peuvent être obtenues lors d'un execve(2). La limitation de capacités est utilisée de cette façon :

* 2 Lors d'un execve(2), la limitation de capacités (un ensemble de capacités) est combinée avec un ET binaire avec l'ensemble des capacités autorisées du fichier, et le résultat de cette opération est placé dans l'ensemble des capacités autorisées du thread. La limitation de capacités permet donc de limiter les capacités permises qui peuvent être accordées à un fichier exécutable.

* (Depuis Linux 2.6.25) La limitation de capacités agit comme un sur-ensemble limitant les capacités qu'un thread peut ajouter à son ensemble de capacités héritables en utilisant capset(2). Ceci signifie que si une capacité ne se trouve pas dans l'ensemble de limitation des capacités, alors un thread ne peut ajouter cette capacité dans son ensemble de capacités héritables, même si elle se trouvait dans son ensemble de capacités permises, et ne peut donc pas conserver cette capacité dans son ensemble de capacités permises lorsqu'il exécute avec execve(2) un fichier qui a cette capacité dans son ensemble de capacités héritables.

Notez que la limitation de capacités masque les capacités permises du fichier, mais pas les capacités héritées. Si un thread conserve une capacité dans son ensemble de capacités héritées et que cette capacité ne se trouve pas dans l'ensemble de limitation des capacités, alors il peut toujours obtenir cette capacité dans son ensemble de capacités permises en exécutant un fichier qui a la capacité dans son ensemble de capacités héritées.

Suivant la version du noyau, la limitation de capacités est un attribut au niveau du système ou un attribut par processus.

Limitation de capacités avant Linux 2.6.25

Dans les noyaux antérieurs à 2.6.25, la limitation de capacités est un attribut au niveau du système qui affecte tous les threads. La limitation de capacités est accessible par le fichier /proc/sys/kernel/cap-bound. (Le masque de bits est exprimé comme un nombre décimal signé dans /proc/sys/kernel/cap-bound, ce qui entretient les confusions). Seul le processus init peut configurer des capacités dans l'ensemble de limitation de capacités ; sinon, le superutilisateur (plus précisément : les programmes avec la capacité CAP_SYS_MODULE) peut uniquement supprimer des capacités de cet ensemble. Sur un système standard, la limitation élimine toujours la capacité CAP_SETPCAP. Pour supprimer cette restriction (attention, c'est dangereux !), modifiez la définition de CAP_INIT_EFF_SET dans include/linux/capability.h et recompilez le noyau. La limitation de capacités système a été ajoutée à Linux à partir du noyau 2.2.11.

Limitation de capacités après Linux 2.6.25

Depuis Linux 2.6.25, la limitation de capacités est un attribut par thread (il n'y a plus désormais de limitation de capacités au niveau du système). La limitation est héritée du parent du thread au travers d'un fork(2) et est préservé au travers d'un execve(2). Un thread peut enlever des capacités de son ensemble de limitation de capacités en utilisant l'opération PR_CAPBSET_DROP de prctl(2), à condition qu'il possède la capacité CAP_SETPCAP. Une fois qu'une capacité a été supprimée de l'ensemble de limitation, elle ne peut être y être remise. Un thread peut déterminer si une capacité est dans son ensemble de limitation de capacités en utilisant l'opération PR_CAPBSET_READ de prctl(2). La suppression de capacités dans l'ensemble de limitation des capacités n'est prise en charge que si les capacités de fichiers sont compilés dans le noyau. Dans les noyaux antérieurs à Linux 2.6.33, les capacités de fichiers étaient une fonctionnalité optionnelle configurable via l'option CONFIG_SECURITY_FILE_CAPABILITIES. Depuis Linux 2.6.33, l'option de configuration a été supprimée et les capacités de fichiers font maintenant toujours partie du noyau. Quand les capacités de fichiers sont compilées dans le noyau, le processus init (l'ancêtre de tous les processues) démarre avec ensemble de limitation complet. Si les capacités de fichiers ne sont pas compilées dans le noyau, init démarre alors avec un ensemble de limitatition complet, à l'exception de CAP_SETPCAP, parce que cette capacité a une autre signification quand il n'y a pas de capacités de fichiers. Supprimer une capacité de la limitation de capacités ne la supprime pas de l'ensemble hérité d'un thread. Cependant il empêche de rajouter la capacité dans l'ensemble hérité du thread par la suite.

2.8. Effet des modifications d'UID sur les capacités

Afin de préserver la sémantique traditionnelle pour les transitions entre des UID nul et non nul, le noyau modifie les ensembles de capacités d'un thread de la façon suivante lors de modifications des UID réel, effectif, sauvé et du système de fichiers (avec setuid(2), setresuid(2) et compagnie) :

1. 3 Si l'UID réel, effectif ou sauvé était égal à 0, et qu'à la suite de la modification ils sont tous non nuls, toutes les capacités sont supprimés des ensembles de capacités permises et effectives.

2. Si l'UID effectif était nul et devient non nul, toutes les capacités sont supprimées de l'ensemble effectif.

3. Si l'UID effectif est modifié d'une valeur non nulle à 0, l'ensemble des capacités permises est copié dans l'ensemble des capacités effectives.

4. Si le fsuid est modifié de 0 à une valeur non nulle (consultez setfsuid(2)), les capacités suivantes sont supprimées de l'ensemble effectif : CAP_CHOWN, CAP_DAC_OVERRIDE, CAP_DAC_READ_SEARCH, CAP_FOWNER, CAP_FSETID, CAP_LINUX_IMMUTABLE (depuis Linux 2.2.30), CAP_MAC_OVERRIDE et CAP_MKNOD (depuis Linux 2.2.30). Si le fsuid devient nul, chacune de ces capacités est activée dans l'ensemble des capacités effectives si elle faisait partie de l'ensemble des capacités permises.

Si un thread dont l'un des UID vaut 0 ne veut pas que son ensemble de capacités permises soit vidé lorsqu'il redéfinit tous ses UID à des valeurs non nulles, il peut le faire avec l'opération PR_SET_KEEPCAPS de l'appel système prctl(2).

2.9. Ajuster les ensembles de capacités par programmation

Un thread peut obtenir ou modifier ses ensembles de capacités en utilisant les appels système capget(2) et capset(2). Cependant, il faut leur préférer l'utilisation de cap_get_proc(3) et cap_set_proc(3), toutes deux fournies par le paquet libcap. Les règles suivantes gouvernent les modifications des ensembles de capacités d'un thread :

1. 3 Si l'appelant n'a pas la capacité CAP_SETPCAP, le nouvel ensemble des capacités héritables doit être un sous-ensemble de l'union des ensembles de capacités héritables et des capacités permises.

2. (Depuis Linux 2.6.25) Le nouvel ensemble héritable doit être un sous-ensemble de l'ensemble héritable existant et de l'ensemble de limitation de capacités.

3. Le nouvel ensemble des capacités permises doit être un sous-ensemble de l'ensemble des capacités permises existant (c'est-à-dire qu'il n'est pas possible d'obtenir des capacités permises que le thread n'a pas actuellement).

4. Le nouvel ensemble effectif doit être un sous-ensemble du nouvel ensemble des capacités permises.

2.10. Les attributs « securebits » : configuration d'un environnement restreint aux capacités de fichiers.

À partir du noyau 2.6.26, si les capacités de fichiers sont activées, Linux implémente un ensemble d'attributs securebits par thread qui peuvent être utilisés pour désactiver la gestion particulière des capacités pour l'UID 0 (root). Ces attributs sont les suivants :

  • SECBIT_KEEP_CAPS
        Activer cet attribut permet à un thread qui a un UID (ou plus) égal à 0 de conserver ses capacités quand il change ses UID et que plus aucun n'est nul. Si cet attribut est désactivé, alors ces changements d'UID feront perdre au thread toutes ses capacités. Cet attribut est toujours désactivé lors d'un execve(2). Cet attribut fournit la même fonctionnalité que l'ancienne opération PR_SET_KEEPCAPS de prctl(2)).
  • SECBIT_NO_SETUID_FIXUP
        Activer cet attribut stoppe l'ajustement des ensembles de capacités par le noyau lorsque les UID effectifs et d'accès aux fichiers du thread passent d'une valeur nulle à une valeur non nulle. (Consultez la sous-section Effet des modifications d'UID sur les capacités.)
  • SECBIT_NOROOT
        Si cet attribut est activé, alors le noyau n'autorise pas les capacités lorsqu'un programme Set-UID root est exécuté ou lorsqu'un processus dont l'identifiant effectif ou réel est nul appelle execve(2). (Consultez la sous-section Capacités et exécution de programmes par root.)

Chacun des attributs de base ci-dessus a un attribut compagnon de verrouillage. L'activation d'un attribut de verrouillage est irréversible et permet d'éviter toute modification ultérieure de l'attribut de base. Les attributs de verrouillage sont : SECBIT_KEEP_CAPS_LOCKED, SECBIT_NO_SETUID_FIXUP_LOCKED et SECBIT_NOROOT_LOCKED.

Les attributs securebits peuvent être modifiés et récupérés en utilisant les opérations PR_SET_SECUREBITS et PR_GET_SECUREBITS de prctl(2). La capacité CAP_SETPCAP est nécessaire pour modifier ces attributs. Les attributs securebits sont hérités par les processus fils. Lors d'un execve(2), tous les attributs sont conservés, à l'exception de SECBIT_KEEP_CAPS qui est toujours désactivé. Une application peut utiliser l'appel suivant pour se verrouiller elle-même, ainsi que tous ses descendant, dans un environnement où la seule façon d'obtenir des capacités est d'exécuter un programme avec les capacités de fichiers correspondantes :

 
Sélectionnez
prctl(PR_SET_SECUREBITS,
        SECBIT_KEEP_CAPS_LOCKED |
        SECBIT_NO_SETUID_FIXUP |
        SECBIT_NO_SETUID_FIXUP_LOCKED |
        SECBIT_NOROOT |
        SECBIT_NOROOT_LOCKED);

3. CONFORMITÉ

Il n'y a pas de véritable norme pour les capacités, mais l'implémentation Linux est basé sur une interprétation de la norme (retirée) POSIX.1e ; consultez http://wt.tuxomania.net/publications/posix.1e/

4. NOTES

Depuis le noyau 2.5.27, les capacités sont optionnelles dans le noyau et peuvent être activées ou désactivées avec l'option de configuration CONFIG_SECURITY_CAPABILITIES du noyau. Le fichier /proc/PID/task/TID/status peut être utilisé pour voir les ensembles de capacités d'un thread. Le fichier /proc/PID/status indique les ensembles de capacités du thread principal d'un thread. Avant Linux 3.8, les capacités inexistantes étaient vues comme activées (1) dans ces ensembles. Depuis Linux 3.8, toutes les capacités inexistantes (au-délà de CAP_LAST_CAP) sont vues comme désactivées (0). Le paquet libcap fournit un ensemble de routines pour écrire et lire les capacités d'un processus, de manière plus simple et moins susceptible de changer que l'interface fournie par capset(2) et capget(2). Ce paquet fournit également les programmes setcap(8) et getcap(8). Il peut être trouvé à l'adresse :
http://www.kernel.org/pub/linux/libs/security/linux-privs Avant le noyau 2.6.24, et depuis le noyau 2.6.24 si les capacités de fichier ne sont pas activées, un thread avec la capacité CAP_SETPCAP peut manipuler les capacités des autres threads. Cependant, ce n'est possible qu'en théorie puisqu'aucun thread n'a la capacité CAP_SETPCAP dans un des cas suivants :

* 2 Dans l'implémentation antérieure au noyau 2.6.25, l'ensemble de limitation de capacités du système, /proc/sys/kernel/cap-bound, masque toujours cette capacité et ceci ne peut pas être changé sans modifier les sources du noyau et le recompiler.

* Si les capacités de fichiers sont désactivées dans l'implémentation actuelle, alors init démarre sans cette capacité dans l'ensemble de limitation de capacité de son processus, et cet ensemble de limitation de capacité est hérité par tous les processus créés sur le système.

5. VOIR AUSSI

capget(2), prctl(2), setfsuid(2), cap_clear(3), cap_copy_ext(3), cap_from_text(3), cap_get_file(3), cap_get_proc(3), cap_init(3), capgetp(3), capsetp(3), libcap(3), credentials(7), pthreads(7), getcap(8), setcap(8)

include/linux/capability.h dans les sources du noyau Linux

6. COLOPHON

Cette page fait partie de la publication 3.52 du projet man-pages Linux. Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies peuvent être trouvées à l'adresse http://www.kernel.org/doc/man-pages/.

7. TRADUCTION

Depuis 2010, cette traduction est maintenue à l'aide de l'outil po4a <http://po4a.alioth.debian.org/> par l'équipe de traduction francophone au sein du projet perkamon <http://perkamon.alioth.debian.org/>.

Christophe Blaess <http://www.blaess.fr/christophe/> (1996-2003), Alain Portal <http://manpagesfr.free.fr/> (2003-2006). Julien Cristau et l'équipe francophone de traduction de Debian (2006-2009).

Veuillez signaler toute erreur de traduction en écrivant à <>.

Vous pouvez toujours avoir accès à la version anglaise de ce document en utilisant la commande « LC_ALL=C man <section> <page_de_man> ».